La cour et ses miracles – Anne Cailloux

Dans les bas-fonds de Paris,

La cours des miracles avait sa reine.

Belle comme le jour qu’elle ne voyait jamais,

Ses longs cheveux couleur corbeau,

Tombaient comme des saules pleureurs.

Ses yeux étaient deux gouttes d’acier que le diable avait forgé,

Ses lèvres aux fragrances enivrantes, 

Étaient des invitations au jardin d’éden.

Ses soupirs rendaient folles,

Toute les gargouilles de notre d’âme

Et quand elle souriait, le pendule de Foucault

Trottinait à l’envers.

Entre la porte Saint-Denis et Montmartre,

Les mendiants et les voleurs renaissaient sous les yeux de la belle,

Ils devenaient des contes de faits, des princes et des légendes.

 

Ce miséreux avait un roi, qui s’appelait le roi des Thunes.

Il dirigeait les mendiants de toute la France et de Navarre,

Il se pavanait comme un pacha,

Ses baisers étaient aussi dangereux que le curare

Et sa parole était un crédit plus recevable

Que n’importe quel contrat.

 

Ce roi,  avait cependant une faille, qui s’appelait Esméralda.

Il cédait à tous les caprices de notre belle.

Cette reine, était l’enfer de tous les hommes.

Ils avaient tous, cette obsession amoureuse,

D’attirer le regard de la belle sauvagesse.

 

Tous les soirs, sous un feu indompté,

Le partage de butin se faisait entre ripailles et grivoiseries,

Sous des tonneaux de vin et de cervoises.

Le relief des flammes, renvoyait des fasciées patibulaires

Et des mines avinasses, qui aurait fait pâlir Satan lui-même.

 

Notre belle gitane relevait sa jupe

Et se laissait emporter par la musique andalouse.

Ils étaient tous captivés par son ombre sublime,

Qui se lovait à leurs pieds.

Dans le crépuscule incendiaire et sous ses escarpins,

Fuyait ce monde infâme qu’était la cour des miracles.

 

L’espace d’un instant, dans cette atmosphère dantesque,

Des volutes de désirs prenaient vies,

Les gestes devenaient des invitations aux baisers

Et les âmes renaissaient dans le cœur des êtres rejetés de tous.

Vous auriez pu détrousser les coupeurs de bourses,

Ils n’avaient yeux que pour la belle,

Le monde extérieur s’était arrêté aux portes de ce paradis,

De cette invitation à la danse, à l’amour.

 

Vous auriez pu avoir, plus facilement les clés du paradis

Que celle de la cour des miracles….

 

Maintenant, vous savez pourquoi

Ce lieu s’appelait la cour des miracles…

 

Si vous vous promenez entre Saint-Martin et Montmartre,

Si votre bonne aventure vous pousse

Jusqu’à la rue de la grande truanderie, faite attention.

Inutile de chercher quelques agents de la prévôté,

Car la cour des miracles était un lieu de non droit,

Pour toux ceux qui n’appartenait pas à cette société.

Si vous croiser une belle gitane aux yeux de braise,

Il se peut, qu’elle ne soit pas seule. Passez donc votre chemin sans la voir….

Cela est préférable pour vous.. 

 

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Anne Cailloux

Anne Cailloux (334)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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8 Commentaires
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Philippe X
Membre
29 juin 2017 3 h 18 min

Excellence dans le verbe et dans le geste.
Cette balade n’a pu être guidée que par le grand Couere en personne ,véritable césar de cette marée inhumaine…ce Césaire (son nom véritable) a eu maille à partie avec Gabriel Nicolas de la Reynie, lieutenant de Police de Paris et fondateur de la Police moderne qui, selon la légende, aurait mis à bas la Cour des Miracles en 1667.
Fort heureusement votre témoignage porte l’existence de ces malmenés à travers les ages et nous fait prendre conscience que cela existe encore de nos jours….Paris sera toujours Paris….

Invité
28 juin 2017 18 h 10 min

C’est magnifiquement raconté une belle lecture merci

Véronique Monsigny
Membre
28 juin 2017 17 h 25 min

merci Quasimodo pour cette Ballade au cœur du Paris de notre histoire.

O Delloly
Membre
28 juin 2017 17 h 23 min

C est presque un conte joliment agencé
Mon Paris s’y parfume, et j’en suis ravi
Merci
Oliver