La chambre aux oursons – Martyne Dubau

Voici encore un jour qui vient de s’écouler et le soleil reprend son habit de couleurs.
Le ciel s’est embrasé, spectacle merveilleux toujours renouvelé pour aller vers demain !
Ses rayons traversent la forêt venant illuminer , au travers d’un buisson, une petite chambre ;parsemant l’espace de pastilles mordorées, éclairant le décor :des oursons sur les murs, jouant à saute-moutons, un petit lit de bois clair avec quatre poupées sagement alignées, un cheval de bois , une caisse à jouets ,une table, un fauteuil .
Une femme est debout , appuyée à la porte ,ses yeux se fixent sur la table , elle sourit , comme si elle voyait , dans le fauteuil enrubanné, la petite fille qui , imitant sa maman, sa dînette installée, fait manger sa poupée lui parlant gentiment .
Elle entend la voix fluette, voit l’enfant sur le cheval qui se balance en chantant : « une souris verte, qui courait dans l’herbe …. » .
Elle s’avance dans la pièce, effleure les peluches et ses yeux de perdent sur le mur aux oursons !
Elle revoit la chambre au grand lit blanc ,la toute petite fille dans l’immense hôpital, les nuits à son chevet à caresser sa joue, ses questions sans réponses , ses doutes , ses pleurs devant son petit ange qui ne lui sourit plus !
« Nous faisons tout ce qu’il faut madame , maintenant, il faut attendre ! »
Alors elle attend, le cœur serré , regardant les oursons sautillants sur les murs et le cheval de bois qui attend ,lui aussi sa petite cavalière , aux cheveux de soleil , aux rires cristallins …
Les poupées sont si tristes, assises sur le lit et le soleil couchant faisant naître des ombres sur leurs visages peints, accentue leur tristesse, on dirait qu’elles pleurent !
Dans cette petite chambre, la maman se promène, elle regarde et touche, se rappelle et sourit, des souvenirs, des mots reviennent à sa mémoire, elle restera là, pour attendre l’appel qui lui dira l’espoir ou qui tuera son cœur.
Elle est trop fatiguée, elle ne peut supporter de la voir immobile couchée et si pâlotte là-bas, à l’hôpital… Elle y retournera bientôt pour lui tenir la main mais ici, dans sa chambre, sa petite fille vit, elle chante !
En bas, le téléphone sonne, son cœur se serre, une prière lui vient aux lèvres : « Marie, je t’en supplie , Marie, fais qu’elle revienne ! » Son mari a décroché …
Le temps s’est arrêté , son souffle est suspendu…
Elle entend quelque chose qui bouge dans la chambre, c’est le cheval de bois qui, soudain, se balance , un rayon du soleil couchant se pose sur sa tête, il a l’air si joyeux !
La chambre s’illumine !
Elle entend son mari, qui soudain, pousse un cri, mais elle sait déjà, pleure et rit à la fois !
Elle dévale l’escalier, se jette dans ses bras, il pleure lui aussi, il pleure…. et lui sourit
Le cheval de bois a raison d’être joyeux , sa petite cavalière reviendra !

Nombre de Vues:

13 vues
Martyne Dubau

Martyne Dubau (104)

Je suis née à Bordeaux et je vis toujours dans ma Nouvelle et belle Aquitaine depuis ce jour là..
J'écris pour ne pas mourir, comme le chantait Anne Sylvestre .
Pour exister par mes mots, laisser une trace ; pour oublier aussi les difficultés de mon quotidien car la maladie est dans ma vie depuis plus de vingt ans ; elle me fait trembler, souffrir, pleurer, pour la supporter j'ai retrouvé le gout pour l'écriture et le dessin , laissé de côté pour la vie de famille;
j'écris mes maux avec mes motsje dessine sur mes silences , je les habille de couleurs, les déguise de fantaisie, en un mot ma philosophie est « bleutitude » !
Le bleu est ma couleur et le papillon mon animal totem !
J'aime les vers classiques et la prosodie dont j'ai commencé l'apprentissage en 2008 avec passion et assiduité , mon écriture est donc classique mais j'aime aussi le libre et la prose, je m'amuse à tenter les différentes formes de poésie. J'ai participé à de nombreux concours internationaux et obtenus plusieurs premiers prix
Je suis directe et franche dans mes ressentis, ne vous en offusquez pas ; ils sont parfois un peu trop «  brut de pomme »comme on dit, mais mon cœur n'est que gentillesse et partage, j'aime aider et conseiller je n'y peux rien , je suis comme ça !
Tant que la maladie me le permet , je poursuis mon apprentissage et je transmet mon petit savoir , le partage est un plaisir qu'il ne faut pas se refuser .

S'abonner
Me notifier pour :
guest

4 Commentaires
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Colette Guinard
Membre
18 octobre 2021 10 h 06 min

Nostalgie pleine de couleurs et d’évènements embrasés comme
le ciel , spectacle merveilleux toujours renouvelé pour aller vers demain ! Douce journée Colette

Alain Salvador
Membre
18 octobre 2021 1 h 46 min

Un joli récit plein d’images, un blanc dominant les longs couloirs et les chambres, des parfums de draps frais et des odeurs d’ether flottant dans l’air. Des mots susurrés, des craintes rassurées par une main d’enfant tenue, un baiser sur un front ridé par les années. Une porte qui claque bien trop fort dans ce lieu où la mort côtoie les naissances et les pleurs des bébés couvrent le râle des mourants. Où un cheval de bois bascule en silence, chevauché par une cavalière si frêle dans son enfance, sous le regard d’un ours en peluche qui semble les admirer.
Alami