On connaissait la colocation
On pratiquait le coworking dans un esprit collaboratif
Et surtout le covoiturage
Pour éviter la cohue et les correspondances
Dans les transports en commun
On commençait sa journée en buvant un café corsé
Ou du coca avec les collègues
On déconnait avec les copains devant un cocktail
En fin de compte, certains mouraient de maladies coronariennes
A un âge quasi canonique
Puis tout d’un coup, quelque chose s’est coincé, s’est disloqué
On a dû cogiter, inventer de nouveaux codes
Chacun est rentré dans sa carapace ou dans sa coquille
Comme à l’époque du choléra
Les jeunes ont rejoint leur famille
Les chambres d’étudiants sont vides
Les gens sont devenus livides
Les aliments sont insipides
On ne fête plus Pâques, Yom Kippour ou l’Aïd
Les seniors sont au bord du suicide
C’est à cause du Coronavirus
Communément appelé Covid
Le Covid, késako ?
C’est un virus coriace et perfide
Qui s’attaque au quotidien
A l’homme et à l’économie
Et se transmet comme une coqueluche
On a peur d’être contaminé
A l’hôpital c’est le cauchemar
Les malades s’entassent dans les corridors
Il leur faut de la cortisone
Beaucoup sont dans le coma
Les soignants ont besoin de décompresser
Il n’y a plus de cortèges pour les corbillards
Le corps médical est en désaccord
Sur les protocoles, la chloroquine, les anticorps
Les anticoagulants, la transmission féco-orale
Les controverses scientifiques sont déconcertantes
Les recommandations ne suffisent plus
Le Conseil d’Etat a validé des mesures draconiennes
Les commerçants sont en colère
On doit commander les colis en click & collect
Les GAFA sont dans le collimateur de la Commission européenne
Tous les business sont KO, même celui de la cocaïne
Pourtant le Ministère de l’Economie accorde des aides compensatoires
Et octroie des avantages fiscaux
La dette publique bat des records
L’Etat paiera quoi qu’il en coûte, a dit Macron
Le discours politico-social ne paraît pas cohérent
Cela manque de coordination
Les sorties sont codifiées
Il faut cocher la case correspondante
Emporter son gel hydro-alcoolique
Et éternuer dans son coude
Seuls les restos du coeur continuent de fonctionner
Beaucoup ont dû vider leur Codevi pour faire face au Covid
Les conséquences sont colossales
On consulte le Professeur Caumes
On alterne entre confinement, couvre-feu et quarantaine
Mais est-ce assez coercitif ?
On communique par conf calls
On est tous hyperconnectés
Les call-girls et les escorts ne peuvent plus racoler
On ne peut même plus copuler,
Pourtant les sites de rencontre explosent
Car, paradoxalement, selon SOS cocu,
le huis clos ne favorise pas les couples
Certains en profitent même pour cogner leur conjoint
On ne peut plus aller à la chorale ni en disco
On ne peut plus acheter ses cosmétiques chez KIKO
Les avions ne décollent plus pour Frisco
Alors pour éviter la mélancolie, on range nos commodes
On collectionne des bricoles
On refait la déco, on se remet au tricot
On achète des magazines de psycho
On écoute Juliette Gréco ou Nabucco
Les musiques d’Ennio Morricone
On regarde le DVD de Coco
Des films comiques ou cochons
Les sketches corrosifs de Coluche
On concocte des plats en cocotte,
De l’osso bucco, du poulet coco
On redécouvre la confiture de lait
Du Cotentin ou du pays de Caux
On se rue sur le KFC, les malakoffs
Sans se soucier du cholestérol
On apprend à faire l’okonomiyaki
Les nouveaux chefs au col tricolore
Préconisent des produits locaux
Mais les menus conseillés sont discordants
Le chocolat Tulakalum y côtoie l’huître de Prat-Ar-Coum
Pour arrêter la nicotine, on prend un coach ou un tabacologue
On taille nos cotonéasters
On ressort les Claudine de Colette
On achète le dernier Coelho
On lit la Bible ou le Coran
Les Colchiques d’Apollinaire
Les chaises de Ionesco
Entre l’absurde et le cocasse
On s’inquiète des déserts médicaux
De la disparition des koalas et des coraux
On visionne une expo sur la grotte de Lascaux
Ou sur le style rococo
On se passionne pour le cosmos
On s’intéresse à Cuzco
Reconnu au patrimoine mondial de l’UNESCO
On aurait pu s’inscrire à l’INALCO
Les reportages colorés de la télé
Nous conduisent vers Cozumel
Ou dans le Transcantábrico
On regarde encore Cyril et Mercotte
On est toujours accros à Koh Lanta
Mais pas comme avant
Les communistes font grise mine
Christophe, l’écorché, a succombé
Il ne chantera plus à cor et à cri “Aline”
Tandis que chez Corinne
Le coq Maurice ne fait plus cocorico
Il est mort du coryza pendant le confinement
Au pays des cowboys, on boycotte nos alcools
On complète sa collection de colts
Les élections américaines ont des airs de Comédie humaine
Il faut recompter les votes par correspondance
Dans le Connecticut ou le district de Columbia
Giscard nous a quittés pudiquement
Son “au revoir” s’est commué en adieu
Fini les causeries au coin du feu
Et les accords d’accordéon
D’aucuns ont des propos caustiques,
Ils ne croient pas aux coïncidences
Ils ne veulent pas être contrôlés
Ils sont convaincus d’une collusion
Ils parlent de complot
Ils craignent même les cookies et les compteurs Linky
Ils colportent des rumeurs
Cela corrobore les thèses de collapsologie
L’appli Anti-Covid n’a pas la cote
Sauf en Angleterre et en Ecosse
On appelle au secours, on déclenche nos balises de détresse
Comme le skipper Kevin Escoffier
Contraint d’abandonner son monocoque
Dans le courant circumpolaire des quarantièmes rugissants
Alors comment s’en sortir ?
On aurait dû copier l’exemple de la Corée
Les écoliers continuent d’apprendre les cosinus au collège
Les profs corrigent toujours des copies
Mais ils doivent rester consensuels
Et faire preuve d’une extrême précaution
Sous peine de se faire couper le cou
Après plusieurs fiascos,
La dernière otage est rentrée sans rancœur de Bamako
Elle souffre incontestablement du syndrome de Stockholm
Malgré des dispositifs prophylactiques considérables
Les restaurants et les troquets sont suspectés de créer des clusters
Et qu’en est-il des lieux de culte ?
La culture est occultée, les cordonniers sont fermés
Tandis que le bricolage est autorisé
Dans les quartiers, on fait du troc, on polémique sur les crop tops
Les policiers sont écœurés, ils dénoncent le cop watching
Ils récusent les accusations de discrimination à l’encontre des non caucasiens
Les black blocs s’incrustent dans les clans, provoquant des castagnes
Mais qui sont ces casseurs qui attaquent les keufs ?
Il est temps de réconcilier les communautés
Mais il faut du concret, on ne s’accommode plus de communiqués
On est consternés, alors on a recours à la méthode Coué
Pourtant un miracle nous a scotchés
Le pilote franco-suisse dont la voiture s’est télescopée
Est sorti indemne du cockpit
La justice a repris son cours, les procès ont recommencé
Sarkozy et ses acolytes comparaissent devant le tribunal correctionnel
Pour une affaire d’écoutes et de corruption en connexion avec un poste à Monaco
Ils pourraient écoper de plusieurs années d’incarcération
A Moscou la fusée de Korolev a été recyclée en vaccin :
Le Spoutnik-V est prêt à décoller
Les pangolins sont de nouveau massacrés par les braconniers
Les cotations en bourse continuent
Les conifères sont toujours prisés pour Noël
La France reconnaît son passé colonial
On n’a plus peur de faire son coming out
Mais on ne fait plus rien en commun
On ne parle plus aux voisins
On ne se serre plus la main
On ne voit plus les copains
Il n’y a plus de câlins ni de regards coquins
On ne pense plus au lendemain
Putain d’année 2020 !
Chacun reste dans son coin
En attendant le vaccin
Car on a peur des porteurs sains
Il faudrait recréer du lien
Le vaccin nous libérera-t-il de toutes ces corvées
Aura-t-on bientôt l’immunité collective
Il ne faut pas rater le coche
Souhaitons que tout le monde coopère
Mais certains ne veulent pas faire preuve de cohésion
Ils se méfient des nouvelles pharmacopées
Ils craignent d’être des cobayes
Et réclament des compléments d’études toxicologiques
De toute façon, il y aura des quotas
En fonction des scores de co-morbidité
Ça ne changera pas illico
Comme un coup de sirocco
Mais il faut quand même dire banco
Un jour viendra où l’on pourra sortir de son cocon
S’asperger de Coco Mademoiselle,
De Lancôme ou de Paco Rabane
Rêver d’un pays de cocagne
Reprendre les cours de flamenco
Retrouver nos connivences
Se rencontrer dans une brasserie art déco
Revoir des endroits bucoliques
Le lac de Côme et le Connemara
La petite sirène de Copenhague
Les chorégies d’Orange
Et pourquoi pas Acapulco
Ou la plage de Copacabana
Tu m’offriras un collier de coquillages
Un masque en silicone, des palmes et un tuba… coudé
Tu sécheras mes larmes de crocodile
On sirotera une piña colada
Accompagnée d’un churrasco
On se cotisera pour les favelas
On priera le Christ du Corcovado
Les enfants retourneront en colo
Les pigeons seront appelés colombes
Francis sera de nouveau notre icône,
Pas Coppola…
Mais… celui des cocottes en papier
Des éclats de rire
On parlera du Covid au passé
Et on s’aimera encore et encore
Dans un merveilleux corps-à-corps
On s’aimera, d’accord..d’accord
Merci pour cette belle introduction Marie-Thérèse !
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