La buée – Camille Moureaux

La buée

Ce matin, à l’heure de la buée, je me chantais une histoire qui se raconte avec des sons. Tu me manquais et je me vivais en ton absence. Tu me manquais mais de ces manques qui font du bien, ceux qui te remplissent d’un vide qui donne du sens.

Ce matin je me suis vue dans ma fragilité, celle qui depuis toujours me force à me heurter. Je me suis vue dans cette sensibilité qui donne les armes, celle qui a fait de mon reflet une existence effective.

Tu m’as prise nue, tu m’as prise. Tu m’as rendu mes larmes, tu les as laissées couler. Tu ne m’as pas raconter d’histoire et tu m’as laissé avoir peur, tu m’as fais confiance.

Ce matin je ne me suis pas levée, je n’ai pas ressenti l’urgence, je restait là dans ma solitude. Je voulais contempler ces larmes qui coulent et me lavent. Je n’ai pas ressenti l’urgence je te dis ; tu vois cette boîte à rythme qui me matraque la raison pour que je me trouvent des raisons, cette coercition, ce rythme de vie ou ce rythme cardiaque, ce rythme, cette cadence, cette décadence où s’illusionne l’activité humaine.

Ce matin je ne veux pas être humaine, je veux que tu me prennes encore, que tu sois là, je veux résonner en toi et que cet écho me chante que je ne suis pas seule, je veux écouter cette histoire. Celle qui ne se raconte pas avec des mots, celle qui se chante à l’heure de la buée.

 

©Camille Moureaux

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4 Commentaires
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Invité
12 janvier 2019 8 h 21 min

Bonjour Camille, Vous qui me faites penser à Camille Claudel par votre prénom, dont j’ai diffusé un poème pour lui faire honneur à ma façon. Votre écrit me touche, quelquefois l’absence est si forte que l’être aimé est présent malgré tout et toutes nos pensées se dirigent vers lui et comble ce vide….Amicalement poétiquement. Lise.

Invité
11 janvier 2019 17 h 27 min

Très belle poésie comme une histoire, un rien triste mais très belle.