Sous un éden artificiel, la divine se déhanchait belle comme le jour quelle ne voyait jamais ses bas coutures ensorcelaient même la lune. Elle traînait son spleen sur le bitume le dissimulant sous un air de bonheur promettant d’offrir bien plus que cela illusion tangible ”poudre aux yeux” ”foudre au pieux” aussi réelle que ”fille de joie” que ses hommes acceptaient l’espace d’un instant.
Février faisait frissonner sa peau, ses maux. Le vent décoiffait ses espoirs et son capital s’engouffrant dans son porte jarretelle lui offrant la chair de poule… Pas un chat, le moins quinze et le cinq heures de mat avaient refroidi toutes les envies.
Mais ses envies à elle n’étaient pas les mêmes que les siennes à ” LUI ” elle n’avait pas le même tarif, la même compté. Les mots soufflés entre deux raclées lui insufflaient le courage qu’elle n’avait plus. Elle ne devait pas partir une main devant, une main derrière comme disait son julot. Les bleus du corps se cachaient dans la pénombre de la nuit les bleus de l’âme se réfugiaient derrière son sourire.
Écorchée vive, elle donnait gratuitement sa tendresse à tous ses clients ça c’était cadeau et c’était du vrai… Au loin la brigade des mœurs venait chambrer un peu les filles des rires, un respect mutuel sans équivoque. La divine passera plus de temps ici à leurs côtés qu’avec ” LUI ”.. grâce à Dieu.
| Enfin, un visage connu, un habitué cet homme trompait son épouse mais quand la divine n’était pas là, il rentrait chez lui, fidèle à la belle de nuit. Incompréhensible… Ses hauts talons résonnaient aux rythmes des clients. Un sourire complice et la divine se déhanchait de nouveau devant la vision hypnotique du client. Elle commença sa danse dans un mélange de fantasme pour les uns et de femme de mauvaise vie pour les autres.
En guise d’au-revoir Un geste de tendresse pour cet homme que sa femme négligeait un ” A bientôt ma douce ” lui redonna le moral.
Au loin arrivait le videur du cabaret ”le lapin agile” le bon copain qui l’attendait pour le petit-déjeuner du matin. Amitié, amour jamais avoués Elle était à lui l’espace d’un instant la vrai, sans rouge à lèvres juste avec ses yeux bleus qui déteignait sur ses pommettes…
Soupirs de plaisir, enfin un moment vrai où la belle va retirer son masque où la belle va redevenir Virginie avec son jeans et son pull en laine tricoté par sa mère. Fille de joie, quelle drôle de nom… Á… toutes ces filles que j’ai connues en habitant Pigalle à toutes ses soirées passée avec elles, à rire, à écouter leurs malheurs. Á celles qui ont eu la chance de s’en sortir à celles qui sont restées au coins de la rue là-bas dans l’ombre et à celles, qui ont laissé leurs vies…
©Anne Cailloux Les prostituées sacrées étaient considérées et respectées. Mais avec l’église vint la suppression et la commercialisation au profit des proxénètes, et non pas du leur. La prostitution est une “vie indésirable” chez nous mais pas au Japon. La dégradation des prostituées est inversement proportionnelle à la rigueur morale d’une société. Bertrand Russell..
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Merci Anne de parler d’elles, elles sont partagées entre nécessité et souffrance entre dégradation et incompréhension, bel hommage touchant et émouvant bravo
Douce soirée
Mes amitiés
Bises
Fattoum.
Les prostituées sont des femmes qui aiment et qui souffrent comme toutes les autres, je leur rends hommage, qui peut jeter la pierre sans se regarder dans une glace.
Bel hommage aux fleur de bitume que le mépris social rabaisse à un rang qui n’est pas le leur depuis si longtemps. Il est bon ed rendre sa dignité à ses victimes que d’aucuns prétendent coupables et vénales quand elles ne sont, hélas, souvent, que vénériennes.