Sonnet
J’ai traversé ce siècle, de la tribu revenu.
Tant d’idoles ont chuté, qu’il semble improbable
D’attendre un prophète dans ce moment coupable.
Vous me voyez avancer comme un fantassin nu.
J’ai cru au matin puis ce fut la nuit prolongée,
Cherchant une révolte pour un cœur à l’unisson
Tant bizarre est l’amour au plus fort d’un frisson!
C’est si peu dire que le malheur m’est étranger!
Je me rappelle avoir vécu l’espace d’une saison!
Mais le livre est tombé comme une feuille morte
Quand court la jeunesse au rêve qui l’emporte,
Pour le sourire d’une, j’aurai brisé ma prison.
Vous me voyez avancer vers la fin de mon âge,
Je voudrais oublier l’ivresse de la désolation.
Tout homme est un dieu qui cherche l’inspiration
Trop lucide pour célébrer un modeste partage!
Solitaire, le poète doit vivre hors du troupeau,
Á privilégier l’art, aux luttes pour le drapeau!
.
©Georges Cambon – 31/08/2018