Il n’y a plus d’enfants, Ni d’gamins, ni de mômes, Faisant d’rien un royaume Des plus ébouriffants, Plus d’bourgeons ni d’p’tits bonhommes… Où est la marmaill’ en cal’çon, Insoucieux petiots, enfançons, Petits bouts pas plus gros que pouce, Fanfarons n’amassant pas mousse, Sur qui on fit tant de chansons ? Ces têtes blondes, brun’ ou rousses, Tour à tour p’tits diables gaillards Ou bien petits anges braillards, Moustiqu’ à la tendre frimousse ?! Il n’y a plus d’enfants, Ni d’marmousets, ni d’drôles Se donnant le beau rôle De héros triomphant Promettant tout méchant aux geôles… Où sont galapiats et mouflets, Moutards et chasseurs à siffler, Plus insolents que jeunes pages ? Sont-ils désormais d’un autre âge Comme le duel, le soufflet ? Où sont minots pas toujours sages, Lardons, garnements, rejetons, Pichouns, loupiots ou marmitons Tout en esbroufe et abattage ? Il n’y a plus d’enfants, Ni d’polissons, ni d’chiares Et qui caus’ et qui tcharent En dormant, en bouffant, Mais que jamais on ne rembarre… | Où sont passés les p’tits poulbots Tout crottés mais qui portaient beau ? Les titis vauriens, les gavroches Avec leurs casquet’, leurs galoches ? Ils n’craignaient ni pleurs, ni bobos, La tête plus dure que roche ; Z’étaient de ces poulots, d’ces marmots Séraphins qui s’envol’, d’un mot, Dès qu’un perdreau perdu s’approche… Il n’y a plus d’enfants, Ni d’morpions, ni de cancres Dont les rêv’ jettent l’ancre Sous un soleil chauffant Des palmiers que le vent échancre… Où sont fripons sautes-ruissseau Plus benêts ou niais que sots ? Ces chenapans qui se gobergent, Chassant demain de leur gamberge ? Jésus, lascars et jouvenceaux Se mêlant au gibier d’auberge ? Ces gommeux, vrais petits merdeux, Jouaient les morveux comm’ pas deux ; Oui, des chérubins de douz’ berges ! Il n’y a plus d’enfants, Ni d’galopins, ni d’mioches Pour te faire les poches Avec des yeux de faon Qui, vite, éteignent tout reproche… Où est l’sacripant, l’pierrot, Le déluré godelureau ? L’gosse morguant la jouvencelle, L’goujat boutonneux qu’ell’ muselle ? Où est l’mirliflore faraud, Le dadais à grosses bretelles, Le nigaud encore blanc-bec ? Et l’béjaune jouant au mec, L’œil noir et la lippe cruelle ? Il n’y a plus d’enfants, Ni d’bambins, ni d’potaches, Les doigts tout pleins de taches Et l’pantalon bouffant, Jouant, bravaches, les Apaches… . © Christian Satgé – Septembre 2011 (Photo J. Dosineau) |
oui Christian ! bravo pour cette ode à l’enfance perdue ! les enfants deviennent trop vite des adultes sans rêves avec leurs portables, ils puisent des modèles tout faits, leur imagination est en perte de vitesse, ils se contentent de “clichés” trouvés sur internet (dont je suis adepte, mais j’ai eu un passé longtemps sans ordinateur) et ne montent plus aux arbres, ne jouent plus aux jeux qui nous faisaient courir, rire, faire des bêtises ! c’est comme ça ! on a changé de siècle ! tout va très vite ! on les initie trop tôt aux problèmes des adultes, qui ceci dit en ont de plus en plus !
Amitiés
MARIE
Quelle belle volée de mots! Une vraie encyclopédie! Il n’y a plus d’enfants; c’est bien vrai! A force de vouloir les prendre pour des adultes. Ça me plaît bien tout ça!