CHAPITRE 7 – Alliance et mésalliance
– Maraouh ! dis-moi Mao, t’es léché de près ce matin. Mazette, la coupe de printemps, les pattes au carré… c’est le grand jour, on dirait…
– Ouif, c’est pour ce soir. Ils vont me présenter une Demoiselle de « bonne race » parait-il…
– A force de courir après le premier cul qui passe, ils ont préféré faire le choix eux-mêmes.
– Ouououf ! je me remets à peine de mon dernier chagrin d’amour…
– Ah oui, avec le lévrier afghan qui t’a fait rendre l’âme à la course…
– Ouaf ! « Le cœur a ses raisons que la raison…
– … ne connaît pas », je sais, tu me l’as répété tous les soirs pendant des semaines. De toute façon, Chéri t’a dit « au pied ». Ça veut dire « non » je crois. Alors, oublie !
– Ouif, tu as raison. « Le chagrin est au cœur ce que la puce est au chien » je dois le secouer un bon coup !
– Il est de qui celui-là ?
– Je viens de l’inventer… Chut, je crois qu’ils arrivent. Sois discrète Câline, je compte sur toi !
Câline, blasée, retourne se coucher dans son panier enfin celui du « Bon vieux Charly », et ignore les nouveaux venus.
Deux heures plus tard, Mao semble se dresser sur ses ergots, ses yeux se sont bridés d’étoiles, et l’Empereur de Chine n’est pas son cousin.
– Maouh ! Alors raconte, comment ça s’est passé, pendant toute la soirée…
– Elle est arrivée, m’a regardé… regardé… comme si j’étais le Bouddha !
– Comme si t’étais le Bouddha ?
– Ouaif ! Elle avait des yeux…
– Oui, bon d’accord, des yeux, une truffe, une queue… comme tous les chiens. Et une « queue de cheval j’imagine » ?
– Ben oui, comme toute Demoiselle pékinoise qui se respecte.
– Et alors, vous avez fait quoi ?
– Elle, a pris mon cœur, l’a emporté, emporté, emporté dans le vent…
– Bon arrête, tu me donnes le vertige, toute chatte que je suis. Vous avez conclu ou pas ,
– Amis de la poésie, bonsoir ! oui, si tu veux savoir, on est fiancés, et même plus si affinités. Oh, ma chère, mon cœur est pris ! je l’aime… on doit se revoir au parc, demain soir…
– Maouh ! comme disait le pauvre Charly, « le mariage c’est comme un melon, t’as lui beau renifler l’arrière train, tu ne sais jamais ce qu’il y a dedans » …
– Tu sais quoi, tu es jalouse comme une vieille fille que tu es ! je te laisse
– Tchii ! C’est ça, vas t’en ! Comme disait un ami de Charly qui connaissait bien la comédie humaine parait-il : « Quand il y a une vieille fille dans une maison, les chiens de garde sont inutiles ». Va donc rêver de ta douce Geisha, Mao-sais-tout ! On n’a plus besoin de toi ici !
trop bon, ça fait du bien cette histoire