CHAPITRE 6 – A quatre pattes dans les champs
– Alors Fend-la-bise, prête pour le grand bond ?
– Quoi le grand « bon » ? bon à quoi d’abord ?
– Mais non, le grand « bond en avant » comme celui de ton ami Mao-Sait-Tout. Aujourd’hui je t’emmène dans les près. Tu vas faire la connaissance de tes amis à quatre pattes. Tu n’imagines même pas à quelle famille tu appartiens : il y a des beuglants, des hennissants, des bêlants… et tous à quatre pattes. Une vraie tour de Babel !
– Miah ! dis donc. Et c’est loin ce pays de Babel ?
– A vol de Pinson, je dirais une minute et demie. Mais au train de Matou, il nous en faudra sans doute cinq ou six… allez, si ça te chante, je t’emmène.
Et les voilà repartis, traversant le jardin bourdonnant, la haie pépiante, et longeant une route dangereusement sifflante.
– Oh, attention Fend-la-bise, quand tu entends du bruit, cache-toi derrière la haie. Quand je recommence à chanter, tu peux ressortir sans aucun péril.
– Mouh ! si j’aurais su…
– Oui je sais, t’aurais pas venu… bon voilà on arrive. Regarde à aile-droite : je te présente la famille des meuglants. Papa Taureau, Maman Vache et Bébé Veau.
– Miaouh ! je me souviens que les derniers temps Madouce traitait Chéri numéro 1 de Veau et lui, disait qu’elle était vache de dire ça… Maintenant je vois…. Mais je ne comprends toujours pas !
– Oui, tu sais les humains aiment les noms d’oiseaux, mais généralement ils se contentent de noms plus terre à terre… Bon, et maintenant regarde à aile-gauche. C’est une colonie de vacances pour petits bêlants. En arrivant, ils se fond tondre, sans doute pour éviter les poux, puis ils restent là à manger de l’herbe tout l’été. Quand ils rentreront chez leurs parents, ils auront engraissé à tel point que je crois que les parents auront du mal à démêler le tien du mien…
– Ils ont l’air bien doux et chaud, comme les pulls de Madouce… Rrrrrron ! j’irais bien m’y coucher dedans.
– Oui, et bien ne t’emballe pas, ils sont gardés par un gros chien avec lequel on ne plaisante pas.
– Maouh ! je sais y faire avec la race canine. Le Bon Vieux Charly non plus ne rigolait pas, et Mao avait toujours une morale sous la patte.
– Oui, mais celui-là, ce n’est ni un poète, ni un Bouddha, c’est un chien de berger. Alors quand je me tais, tu te planques, d’accord !
– Maouhoui ! t’inquiète. Je cours plus vite qu’eux… oh ! mais ça là-bas, c’est quoi ?
– Ah là attention, ce sont des Seigneurs : Les Chevaux et leurs fidèles serviteurs et compagnons les ânes. Les uns ont de grandes pattes (eux prétendent avoir des « jambes », mais ce sont des orgueilleux), les autres de grandes oreilles. Ils se donnent un air béta, mais ils savent tout… il faut se méfier. Les ânes ont la réputation d’être fourbes…
– Miaouh ! mais qu’est-ce qui se passe ! quelque chose m’est tombé dessus…
– Ah ! oui, reste pas sous le pommier sinon tu vas t’en prendre une sur la tête. Les pommes n’ont pas d’ailes, donc elles tombent lorsqu’elles se décrochent de l’arbre. Elles font moins les fières avec leurs belles couleurs. Elles en sont rouges de honte.
– Mouih ! bon, ça suffit, ramène-moi à la maison, j’en ai assez vu pour aujourd’hui.