Histoire de Boulangerie ! – Simone Gibert

On a dit sectaire ?

Je ne le tolère,

Ce qualificatif

N’était pas objectif.

Je dirais “rebelle”,

J’ai battu des ailes

Sous des ciels bien trop bleus

Pour m’étonner du peu.

 

Croyant vous enlever

Par quelques simagrées,

Je me méfie de ceux

Qui vous captent des yeux

Prenant un otage

Dans leur vain sillage,

Vous faisant prisonnier

Au nom de l’amitié.

 

Laissant aller les jours,

Je regarde alentour…

Une boulangerie

De jaune et bleu, fleurie.

La boulangère peint

Tout en vendant son pain,

C’est la morte saison,

En voici la raison.

 

La peinture dentelle

Fait un étincelle,

L’endroit n’est pas banal

L’accueil est amical …

J’y passe des heures,

Il règne une chaleur

Provenant de moitié,

Des fours, de l’amitié.

 

Les jours se faufilent,

Les clients défilent

Nous en rebaptisons

De quelques doux surnoms …

C’est le croustillant pain

Qu’il réclame le matin

Sa phrase formulée

Sans jamais rien changer :

Le franc-hongrois, c’est lui,

Maintenant il sourit,

Nous avons dû ruser

Et même parier.

 

Voici donc “croustillou”,

En cinquante ans chez nous,

Son rocailleux accent

Toujours le trahissant…

Là c’est le “gracieux”

Qui sans lever les yeux

Nous commande son pain,

Son ton se veut hautain …

 

L’oeil de biche, étonné,

A petits pas pressés,

Des paquets de partout,

C’est elle “pou pou pidou” …

Lunettes en tête,

La blonde coquette

Vient acheter son pain,

Céréales et levain.

Son surnom c’est “frigo”

Rimant avec bateau,

Histoire pendable

De snobs incontournables …

 

Il y a “Moustaki”

A la barbe fleurie,

Qui à tous ses moutons,

Préfère les pontons.

Sa gueule de pâtre

S’est laissée abattre

Par celle de l’errant

Un juif au demeurant …

Emergeant de la rue,

Tout rond, le torse nu,

Il arrive grognon

L’homme de Cro-Magnon,

On l’appelle “crocro”

Il semble très à crocs

Chaque jour pour boire

Sa bière sur le trottoir …

 

Discussions animées,

Nous refaisons l’été

De chacun des passants,

En pliant des croissants.

Les jours se faufilent,

Les clients défilent,

Notre amitié grandit

Dans la boulangerie.

 

Qui peut imaginer,

Vous qui me connaissez,

M’être liée ainsi

Me faisant deux amis ?

 

©Simone gibet

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