On a dit sectaire ?
Je ne le tolère,
Ce qualificatif
N’était pas objectif.
Je dirais “rebelle”,
J’ai battu des ailes
Sous des ciels bien trop bleus
Pour m’étonner du peu.
Croyant vous enlever
Par quelques simagrées,
Je me méfie de ceux
Qui vous captent des yeux
Prenant un otage
Dans leur vain sillage,
Vous faisant prisonnier
Au nom de l’amitié.
Laissant aller les jours,
Je regarde alentour…
Une boulangerie
De jaune et bleu, fleurie.
La boulangère peint
Tout en vendant son pain,
C’est la morte saison,
En voici la raison.
La peinture dentelle
Fait un étincelle,
L’endroit n’est pas banal
L’accueil est amical …
J’y passe des heures,
Il règne une chaleur
Provenant de moitié,
Des fours, de l’amitié.
Les jours se faufilent,
Les clients défilent
Nous en rebaptisons
De quelques doux surnoms …
C’est le croustillant pain
Qu’il réclame le matin
Sa phrase formulée
Sans jamais rien changer :
Le franc-hongrois, c’est lui,
Maintenant il sourit,
Nous avons dû ruser
Et même parier.
Voici donc “croustillou”,
En cinquante ans chez nous,
Son rocailleux accent
Toujours le trahissant…
Là c’est le “gracieux”
Qui sans lever les yeux
Nous commande son pain,
Son ton se veut hautain …
L’oeil de biche, étonné,
A petits pas pressés,
Des paquets de partout,
C’est elle “pou pou pidou” …
Lunettes en tête,
La blonde coquette
Vient acheter son pain,
Céréales et levain.
Son surnom c’est “frigo”
Rimant avec bateau,
Histoire pendable
De snobs incontournables …
Il y a “Moustaki”
A la barbe fleurie,
Qui à tous ses moutons,
Préfère les pontons.
Sa gueule de pâtre
S’est laissée abattre
Par celle de l’errant
Un juif au demeurant …
Emergeant de la rue,
Tout rond, le torse nu,
Il arrive grognon
L’homme de Cro-Magnon,
On l’appelle “crocro”
Il semble très à crocs
Chaque jour pour boire
Sa bière sur le trottoir …
Discussions animées,
Nous refaisons l’été
De chacun des passants,
En pliant des croissants.
Les jours se faufilent,
Les clients défilent,
Notre amitié grandit
Dans la boulangerie.
Qui peut imaginer,
Vous qui me connaissez,
M’être liée ainsi
Me faisant deux amis ?
©Simone gibet