Fripon et Canaillou mes deux chats…
Après deux ans d’absence Fripon est revenu,
Je l’avais vu rôder un temps dans les parages,
J’étais le plus heureux des hommes sous les nues
Seul Canaillou n’appréciait pas ce personnage!
Le petit revenant avait dû bien souffrir,
Son cou portait les traces d’une laisse qui blesse,
Il était amaigri, ses yeux semblaient sourire,
Tant il était heureux que je le reconnaisse!
Canaillou dans son coin semblait très malheureux,
Il était comme un roi déchu de ses pouvoirs,
Car l’intrus n’était pas son compagnon de jeu,
Mais un drôle d’imposteur qu’il ne voulait pas voir!
Mon amour je l’ai divisé en parts égales,
Voulant réconcilier mes deux jolis matous,
Ah ce n’est pas rien la guéguerre de deux mâles!
Qui ont cette fierté d’être supérieurs à tout!
Mes deux petits félins se lorgnent d’un sale œil,
Pourtant ils mangent ensemble dans la même gamelle,
Ils oublient pour un temps, hostilité, orgueil,
Mais quand ils sont repus ils ronflent comme gargamelle!
Ils cherchent en ronronnant mes plus douces caresses,
Que je donne volontiers aux petits garnements,
Car les chats, comme nous, ont besoin de tendresse,
Ils nous le font savoir à coups de miaulements!
Fripon dans mon fauteuil, Canaillou sur la table,
Mettent volontairement de la distance entre eux,
Pour ne pas attiser cette haine palpable,
Qu’on lit très bien dans l’étincelle de leurs yeux!
Mes deux chats se regardent en chiens de faïence,
Puis ils font le gros dos, crachent feulent et rugissent,
Marchent sur le côté, subitement s’élancent
Dans un combat très court qui n’a rien de factice!
Je sépare les minets, que fortement je gronde,
Tête basse ils s’en vont dans leurs coins respectifs
Tout en se surveillant, ils miaulent quelques secondes,
Puis sombrent dans un sommeil chahuté et poussif!…
*
©D.Marcellin-Gros