EVA QUI RIT, EVA QUI PLEURE -Véronique Monsigny
L’enfant est un acteur aux mille et un visages
Mieux que le comédien peut jouer tous les rôles
Il n’a nul besoin d’apprendre des personnages
En lui vivent les sévères aussi bien que les drôles
Eva a de son âge les mutations soudaines
Elle rit aux éclats puis soudain vous foudroie
D’un regard de colère pas si loin de la haine
Pour un rien qui pour elle est trahison de roi
Qui ose refuser à ce petit tyran
L’objet tant convoité ou la course éperdue
Vers la rue encombrée ou le petit torrent
Pourquoi m’imposez-vous ces éternels refus ?
L’enfant boude, vous déteste, refuse le baiser
Tant pis, il faut apprendre à se laisser haïr
Mais le cœur d’un enfant n’est pas longtemps froissé
Il oublie aussi vite ses humeurs et désirs
Jean qui rit Jean qui pleure, Commedia Del Arte
Telle est la vie d’Eva aux passions orageuses
Mais c’est de ce regard pris à la voie lactée
Qu’elle tresse aujourd’hui mes heures les plus heureuses
Un enfant est un éternel émerveillement, une source de tendresse mais aussi d’inquiétude. L’amour pour son enfant enraciné au plus profond de soi est une force et un déchirement, mais les joies qu’il nous donne, les sourires et les rires sont des trésors sans prix. Beau poème, merci Véronique Monsigny. Merci du plaisir de la lecture.
Merci, Véro, pour le partage de ce très beau poème décrivant merveilleusement bien les faits et gestes d’Eva (Que Dieu la préserve). En te lisant, les vers de l’immense Hugo, pour compléter la joie, chantèrent dans ma mémoire :
“Seigneur, préservez-moi, préservez ceux que j’aime
Frères, parents, amis et mes ennemis même
Dans le mal triomphants
De ne jamais voir Seigneur, l’été sans fleurs vermeilles
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles
La maison sans enfants.”
J’embrasse Eva dont “le doux regard qui brille, au milieu du cercle de famille, fait briller tous les yeux”.