Déchirure – Dominique Capo

Alors que je regarde en arrière et que mille souvenirs remontent à la surface, tandis que mes yeux se voilent pour laisser progressivement place à cette obscurité bienvenue, après avoir enduré mille souffrances dans l’espoir de te plaire, je ne peux empêcher mon esprit d’errer sur la route des souvenirs et des illusions. Je ne peux empêcher mon âme de regarder en arrière, et d’y apercevoir ce bref instant de bonheur durant lequel nos regards se sont croisés. Cet instant magique où mon cœur s’est mis à battre comme s’il avait soudain été pris de frénésie. Ces quelques secondes où mon sang s’est mis à palpiter dans mes veines, comme si des flots tumultueux l’avaient réveillé après des myriades d’années ensommeillées.

Oh, évidemment, ton attention s’est immédiatement portée vers cet autre homme. Bien sûr, son apparence ne pouvait qu’attiser la flamme qui brûle au fond de ton cœur et de ton corps. Ses yeux de velours, son sourire éblouissant ne pouvaient que te séduire. Son corps d’Apollon, ses membres musculeux, ne pouvaient que te charmer. Comment résister à l’attrait d’un corps si désirable, contre lequel tu avais envie de te coller ; j’ai vu dans ton regard, ce désir de t’y fondre ; de te mêler avec volupté à celui-ci.

Comment aurais-je pu rivaliser, moi qui ne suis qu’un ver de terre comparé à la beauté et à la séduction qui émanent de toi. Moi dont tu imagine certainement le corps difforme, puisque mon visage couturé de cicatrices te renvoie une image monstrueuse de moi. Comment aurais-je pu sortir de l’ombre, alors que la Déesse de la féminité que tu es avait le choix d’emmener dans son lit, pour une nuit ou pour la vie, les hommes les plus séduisants que la Terre ait porté ? Jamais je n’aurais pu rivaliser, malgré ma sensibilité, malgré mon désir de te plaire, malgré mes élans amoureux, malgré l’envie de te rendre heureuse. Tu aurais ri de moi et tu m’aurais rejeté dans mon coin sombre et froid, comme tant d’autres l’ont fait avant cela et ensuite. Tu m’aurais jugé indigne de ta beauté, de tes charmes, de tes courbes parfaites, de ton visage d’ange. Et moi, repoussé une fois de plus, je n’aurais pu que pleurer des larmes et de sang et retourner au sein de cet enfer quotidien qui ne m’a plus jamais quitté depuis.

Durant des années, j’ai alors rêvé de toi. J’ai espéré que le Destin me fasse de nouveau croiser ta route. Ce n’a jamais été le cas, bien évidemment. Mais j’ai gardé ton souvenir vivant au fond de mon cœur, en souhaitant que ta vie ait été heureuse, épanouie, pleine de joie et de bonheur ; ce bonheur auquel j’aurai tant aimé contribuer. Ce bonheur qui m’a été refusé.

Alors, sois heureuse, mon amour… Profite pleinement du privilège que la vie t’a offert. Cette beauté, ce charme, cette douceur, cette sensualité dont tu es la porteuse, et qui reflètent ce que mon âme blessée aimerait t’offrir. J’espère sincèrement que l’homme qui a croisé ta route ce jour là ait été le porteur de tous les espoirs que tu as placé en lui. Car si ce n’étais pas le cas, mon désespoir de n’avoir pu être à la hauteur de ce que tu attendais de l’amour me rendrais fou de douleur. Et participerais ainsi la déchéance dans laquelle je me suis enfoncé à partir de ce jour…

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