La beauté qui était là
La beauté dans l’embrasure
Délicate de tes pas
La beauté jamais ne dure
C’est une bien triste loi
Les reflets du ciel dans l’eau
Le grand soleil et l’azur
O murmures des oiseaux
La nuit les prendra, c’est sûr
Dedans son obscur manteau
Les va-et-vient seuls perdurent
Le changement, l’incertain
Le beau est dans la nature
Mais la laideur n’est pas loin
Parfois un joli quatrain
Cache de sombres ratures
Dans le brouillon des destins
Il faut que chacun endure
Et le début et la fin
Les plus somptueux desseins
Se nourrissent de blessures…
Ton visage qui m’assure
De son tendre amour pour moi
Je le vois déjà qui lutte
Pour en éloigner l’usure
Qui le guette et c’est pourquoi
Nous redeviendrons adultes
Quittant l’enfance et ses joies
Chaque fois que l’on exulte
On en retombe plus bas
Puis c’est le temps des insultes
Des perpétuels combats
De nos cœurs toujours en butte
A la question d’ici-bas :
Faire exister ce qui est beau
Faire durer son aventure
Engendrer des fleurs et des mots
Qui sont plus forts que la brûlure
Un océan de robustesse
Pour des sentiments sans fêlures
Et sans faiblesses…
Prendre le temps d’aimer jusqu’au vacillement
La vanité de chaque chose
Le fragile instant qui éclot
Malgré la pluie, malgré le vent
Prendre le temps de l’aimer tout autant
Comme il est… parfois morose
Parfois si gai
Le temps qu’il fait peut être beau
A tout moment puisque la rose
N’appartient pas qu’au seul printemps
Certes la beauté qu’on surprend
Prenant son bain dans la forêt
Douce déesse aux yeux d’argent
C’est de l’errance qu’elle naît
De tous nos longs vagabondages
Dans un détour elle apparaît
Curieux mirage
Pourtant bien vrai
Le ciel peut être bleu ou enclin à l’orage
Nulle loi ne la fonde
Elle est comme un nuage
Qui d’un coup nous inonde
Des plus folles images
Irradiées et profondes
Alors je l’écrirai
Toujours, malgré ses rondes
Oui malgré ses forfaits
Et même seule au monde
Toujours je tenterai
De lui rende justice
Par des mots vains, mais vrais
Par des gestes en lice
Contre tous ses forfaits
Avant que tout s’effondre
O beauté qui se glisse
Dans les moindres secondes