Contre l’ara qui rit – Christian Satgé

Petit fable affable

 

         L’Amazonie est la vaste volière

Des péroreurs, amazones et aras.


Les seconds ayant la plume écolière

Suivent des cours de cris, de bruits, et cœtera.

Mais ces oiseaux-là n’ont pas que cours de langue,

Chants chantournés, harengères harangues,…

Non. Ils font ramage de tous les savoirs

Qu’on peut répéter sans comprendre au perchoir.

 

Pour le savoir-vivre c’est peine perdue

Chez ces piafs au bec et à l’esprit tordus.

Et pourtant, ce jour-là, une des maîtresses

Surprit ses élèves par un prompt calcul :

Elle ânonna la table de sept, traîtresse

À plus d’un titre et pour la mémoire accul.

Un fou rire sans fin agitait la classe

Poussant donc notre pédagogue à sévir.

Un ara bleu, lui dit sans façon ni classe,

Qu’elle s’est trompée, ce qui les a fait chauvir.

 

« Ah silence, ailes sages et têtes folles !

Combien de fois me suis-je équivoquée ?

 

Un’ fois ! fit l’ara rouge qui se trantolle.

 

– Toutes ses simagrées pour ça, perroquets ?!

Cette faute, aras verts et hyacinthes,

Vous l’avez remarquée mais qui de vous vit

Que les neuf autres fois, dans cette complainte,

Point d’erreur ne fis ?!… Je ne vous envie

Pas si vous ne voyez là leçon faite :

Par cette “faute”, volontaire il est vrai,

Je vous ai montré que jamais on ne fête

Ce qui est bien fait mais que l’on s’enivre

De rires, quolibets, lazzis et critiques,

Par contre, si, une fois, vous confondez

Le bon grain et l’ivraie, c’est là pathétique vérité

Partout ici bas, jeunes dévergondés ! »

© Christian Satgé – octobre 2016

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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4 Commentaires
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Invité
14 mars 2018 21 h 21 min

Merci Christian j’aime bien votre fable tirée de la réalité, vos fables éclairent les gens pour une prise de conscience des choses constructives.
Douce nuit mon ami.
Mes amitiés
Fattoum.

Invité
14 mars 2018 15 h 48 min

Bon jour Christian,
La maxime de fin, très juste, me plait beaucoup…
C’est bien ainsi le plus souvent !
Amicalement

Chantal