Comme un château cathare… – Christian Satgé

Cycle pyrénéen

 

Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Ma vie est traversée de vents qui glaceraient la Loire,
Mes souvenirs sont pareils aux pans de mur écroulés
Qui accueillent les ronces de l’oubli entre ses boulets.
Les orties des pourquoi ont envahi l’herbe des rêves
Là où une cour pavée offrait une propice trêve
À mes mâles humeurs, un horizon à mes détours
D’ennui, un havre à mon désespoir érigé en tours.

Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Ma vie domine vos joies d’enfants que l’on mène au square,
D’adultes n’ayant que déboires et heures écoulées.
La faux du temps bat vos campagnes et fait des goulets
De vos jours où s’étrangle l’espoir qui n’a d’autre grève
Qu’une vieillesse naufrageuse, une mort faite glaive.
Perspective désespérant qu’aller sans retour !
Il m’a rendu serein et fort et cynique au détour.

Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Je suis usé comme un grimoire, ai ridé ma mémoire
Et n’offre aux vents mauvais, dans les froides bises roulé,
Qu’ une herse tombée au pied d’une porte trouée,
Battue mais jamais abattue dans l’aube qui se lève,
Dans le crépuscule qui s’éteint et, las, vous achève…
Là, je résiste à l’annonce de mon propre trépas
Reproche planté dans l’ornière de votre ignorance,
Portant mon ombre sur les illusions déjà rances
De vos histoires qui ne sont que « faut pas » et faux pas.

Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Quand le ciel bleu, d’aventure, pleure ou se fait bouilloire,
Dans ma lassitude et dans ma solitude coulées,
Dans mes habitudes moulées, et par vos pas foulés,
Vous croyez m’avoir vaincu car jamais je ne me relève
Quand votre existence vous mène de crève à crève.
Devenu l’écho de moi-même, je l’avoue sans détour,
J’ai vécu. Quand, pour ce faire, viendra donc votre tour ?

Comme un château cathare ayant eu son heure de gloire,
Je vous défie car, entre essentiel et accessoire,
Vous ne savez balancer car tout, toujours, vous voulez :
La liberté et le confort mais sans trop vous fouler,
Le toc et l’authentique mais sans en goûter la sève
Ni en payer le prix… Moi j’ai lutté face aux vautours
Et perdu, certes, mais suis toujours là, dans vos alentours.

 

© Christian Satgé – novembre 2017

 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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6 Commentaires
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Invité
30 mai 2018 2 h 33 min

Merci Christian très beau et touchant partage
Douce nuit
Mes amitiés
Fattoum.

Laurent Vasicek
Membre
29 mai 2018 4 h 51 min

Très beau texte Christian … Vraiment, mais habituellement votre humeur est plus légère … Je crois … :)

Invité
28 mai 2018 12 h 49 min

bonjour , un texte en vers libres captivant , mes amitiés