Clé de l’Orthographe n° 14
Je trouve souvent, dans les manuscrits que je corrige, « sans » suivi d’une négation.
Voici un exemple FAUX : « Je suis allée faire les courses sans que mon mari ne m’ait dit s’il avait besoin de quelque chose. »
Pourquoi le « ne » est-il une erreur ? Pour la simple et bonne raison que la négation est par définition incluse dans le mot « sans », qui contient une notion d’absence. En rajoutant « ne », on apporte donc une négation dans une autre. Cela pourrait devenir une affirmation (vous n’êtes pas sans savoir = vous savez, où « ne » est avant « sans »), mais ça ne fonctionne pas ici, la phrase n’a plus de sens.
On se demande aussi, quand « sans » est suivi d’un nom, si on doit utiliser un singulier ou un pluriel. Bonne question. Dans ce cas, on doit s’interroger : combien y aurait-il de « noms » s’il y en avait.
Prenons deux exemples pour que ce soit plus clair :
- « Je vais mettre une veste sans manches. » Si elle avait des manches, ma veste en aurait deux, je mets donc un pluriel même dans la phrase négative.
- « Cet homme est sans cœur. » Dans une phrase affirmative, cet homme aurait un cœur ou du cœur ; quoi qu’il en soit, ce serait du singulier, donc on reste sur du singulier.
Alors, faisons des phrases sans y ajouter de négation superflue, et sans faute(s) (vous mettez le s si vous pensez que vous en auriez fait plusieurs…)
je suis partie sans mes chaussettes mais pas sans chaussures
et sans tarder me suis assise sans lui !
Merci Sandrine, “sans vous” nous serions perdus dans le labyrinthe de la langue française