Belle endormie, près du bois et loin du bruit,
Une naïade se noie dans la nuit,
Bercée par le ruisseau qui, tout doux, murmure
De racines amères en ronces à mûres.
À son chant boivent le chêne et le roseau,
S’abreuvent à peine biches et oiseaux. | Elle dort, pour l’été ou l’éternité,
Nue, enveloppée d’un silence agité
Par la barcarolle des branches d’un saule
Qui pleure sur un miroir où se trantole
Une lune inconsolée en œil plissé.
Sélène y grave un éphémère abc
En traits cerclés, en points, en lignes timides
Où on pourrait lire les avis du Ciel
Si ce petit jeu n’était artificiel
Aux yeux de tous ceux que les Cieux intimident. Au loin, le vent susurre sa mélopée,
Aux bosquets qui sont les îles découpées
Des champs herbeux, ondulante mer en houle.
Là, Philomèle vocalise et s’écoulent,
En écho, ses trilles, mourant en lambeaux.
Jusqu’au seul vrai repos, celui du tombeau
Et prise dans les rets du sommeil, ma Nymphe
N’entend pas les chants suaves de la nuit
Que soutient tout insecte discret qui bruit,
Attendant les larmes d’une aurore lymphe. . © Christian Satgé – décembre 2011 |
Très beau poème Christian, on oscille entre le sommeil et la mort : ” Belle endormie ” “pour l’été ou l’éternité” dis tu…. Ce beau poème me fait énormément penser au “dormeur du Val” de Rimbaud…..! Bravo !
Amitiés
MARIE
c’est grandiose, on a envie de se coucher dans l’herbe et ce ne plus se réveiller.