Ça huche à la ruche – Christian Satgé

Petite fable affable
 
À chaque fête carillonnée,
La reine du lieu inspecte
Les travaux finis. Aiguillonnés,
Dans la ruche, les insectes
Cirent le sol, hâtent le travail
Et emmiellent les alvéoles.
On se croirait au laogaï !
On poserait des auréoles
Sur tous ces apidés zélés
Tant ça s’affaire, vrombit, s’agite,…
Pour que brille chaque coin du gîte
De la monarque de ces ailés.
 
Au rayon stockage on panique
Quand sa majesté interloquée
S’arrête et bruisse, volcanique,
Alors que l’on croyait tout O.K.
Sa ruche a une case de vide !
On convoque l’équipe de jour
Et découvre la « gras-du-bide »
Responsable de ce mauvais tour.
Quand la patronne l’inquisite
Sur le pourquoi et sur le comment
De ce coupable manquement.
La fautive, un long temps, hésite…
 
Puis se lâche et vibre tout haut :
« Ma chef d’équipe ne me donne
Que le plus court de nos escabeaux
Et mes sœurs, toujours, m’abandonnent
Le plus petit et le moins rempli
Des seaux qui sort de la tireuse
À miel qui, ça n’fait pas un pli,
Tombe en panne avec moi. Heureuse
Je suis si le le plus long des chemins
N’est pas celui que je dois faire…
Voilà, vous savez donc l’affaire.
Peut-être ça ira mieux demain !
 
 
– Ma fille, fait la souveraine
Piquée, sache que je tiens ces mots 
De ma mère, avant moi la reine :
“Chasse au loin l’adulte ou le marmot
Qui ne connaîtrait pas sa place
Et, pis, négligerait son travail.
Méfie-toi surtout des mollasses
Tout en excuses qui font pagaïe
Et sous des dehors bien gentils,
Traînent, mentent, manœuvrières ;
Car la plus mauvaise ouvrière 
Est celle qui accuse ses outils !” »
 
© Christian Satgé – mai 216

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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Invité
1 février 2019 18 h 17 min

Bonsoir Christian bravo pour ce magnifique texte agréable à lire
Douce soirée.

Invité
1 février 2019 10 h 50 min

Merci Christian pour cette belle fable, belle leçon de morale pour les mauvais ouvriers, qui trouvent toujours la mauvaise excuse, le poil dans la main est long pour certains.Amitiés.

Invité
31 janvier 2019 12 h 12 min

Très belle fable ! Voilà une bonne leçon pour ceux qui se perdent en justifications !