Belle, échappée ! – Guy Policisto

Echapee Belle

J’arrive aux écuries, 18 heures, je décide d’aller directement dans la cour ; bises et brin de causette.
Sans Dance, ce sera plus pratique.
Sitôt que j’entrouve le portillon, je l’entends hennir.
Pris par la patrouille !

Une charmante cavalière
En voyant ma mine si fière,
D’entendre ma pouliche hennir,
Sitôt qu’elle m’aperçoit venir,
M’a dit : « tantôt elle fit cela,
Pour un homme qui passait par là,
Car c’est votre image qu’il renvoie,
C’est ainsi que les chevaux nous voient !»
 

Adaptation du programme,
Nous sortons profiter des heures un peu moins chaudes de la fin d’après midi ;
Promenade et pâturage.

Le vallon doucement avance,
Et s’agrandit,
Un coteau grimpe et s’élance
Vers le midi,
Se couvre de broussailles denses,
Et s’en verdit,
Les grands pins dans le ciel y dansent,
Droits et hardis.
Têtes brulées, les chênes pensent,
Ils me l’ont dit,
Au temps où leur présence,
À resplendit.
Ma jument qui s’appelle Dance,
Est dégourdit,
Nous progressons plein de confiance,
En ce mardi.
Un chien que notre vue offense
Crie : « Au bandit ! « 
Caché au loin nous fait défense :
« C’est interdit ! « 
J’ai en tête une romance,
Qui rebondit.
Mes doigts en claquent la cadence,
Quel étourdit !

Dance m’échappe,
Nez bas, coup de reins,
Sa longe frappe,
Frappe le terrain 

Dance s’arrête,
Fait volte face,
Pose sa tête,
Sur l’herbe grasse !

Dix mètres, pas plus,
Dance s’arrête, elle se retourne, fait un, deux pas vers moi,
Très pensivement elle me regarde,
« C’est ici que je t’attends ! »
Tranquillement elle broute, sous ses pieds, des liserons encore verts.
Ouf, tout de même ! Je la rejoins.
Nous repartons, « main dans la longe ».
Je choisis d’avancer « hors piste », entre le manège et le talus qui descends de la route.

Le grand manège tout de bois,
Porte son ombre quelquefois,
De son mur fait tout en planches,
Au talus en avalanche,
Qui arrive par le travers
De l’avenue du Vallon Vert.
L’endroit me donne l’impression,
De porter beaucoup d’attention,
À l’honneur du patronyme
De la voie qui le domine.
Dance rapidement file,
Les murs en planche défilent,
Et bis repetita placent,
C’est encore la même scène !
Au débouché du bâtiment,
Léger soubresaut qui surprend,
Longe au sol, nouveau galop,
Je touche deux fois le gros lot !
Entre manège et paddocks,
S’ouvre un espace ad-hoc,
Mes appels résonnent oubliés,
Devant moi elle a viré.
Bien penché, elle s’est envolée,
Pfuit, sur la pelouse brulée !
« Pourvu que rien ne soit ouvert,
Sur l’avenue du Vallon Vert ! »
Les hongres sur leur clôture,
Lui font lever l’encolure.
« Salut, bonjour comment ça va ? »
Je lui adresse de mes bras,
Un sémaphore de signaux,
Yipee hey ! Un nouveau galop,
Qui déboule vers moi : » Bravo ! »

Je perds la longe,
Dance aussitôt
S’élance et plonge
Dans un grand galop.

« Hey ! Je t’appelle,
Ne m’entends tu pas ?
Reviens ma Belle,
Reviens sur tes pas ! »

Dance m’approche,
Tout prés au galop,
Vire à gauche,
Me laisse ballot !

Dance si sage,
Déploie ses ailes,
Se fait sauvage,
File devant elle.

Dance fuyarde,
Là bas s’arrête
Et me regarde,
Tournant la tête !

« Hey ! Je t’appelle,
Reviens au galop,
Vers moi ma Belle,
Galop, galop, oooow ! »

Planté dans le sol,
Je ne bouge pas,
Saisi son licol,
En tendant le bras !

Maintenant Dance est pressée de rentrer :
« Assez joué, c’est bientôt l’heure de la ration ! »

Dance reprend l’attitude,
Comme à son habitude,
Ses naseaux sur une trace.
« Il faudrait que tu ramasses,
Les truffes », disent les amies,
Ne me convainquant qu’à demi,
Car comment ne pas m’inquiéter,
Qu’en divaguant dans un truffier,
Je n’y cueille les épines,
D’une pluie de chevrotines ?

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