Tu plonges ton regard tout au fond de ce verre,
ton regard et ton coeur et ton âme enivrée,
tu vas y découvrir les secrets de la terre,
l’horreur des gouffres amers et de sombres idées.
Il va t’ouvrir des portes, des portes indiscrètes,
tes souvenirs remontent des profondeurs cachées.
Que t’importe l’instant ? Inventes-toi des fêtes,
un seul but, un seul but…s’enivrer et pleurer.
Te souviens-tu, dis-moi, tes années de jeunesse ?
Ces années où un sein rassure et nourrit.
Cette absence est horrible, elle tue, elle blesse,
ouvre des cicatrices qui saignent pour la vie.
Ce verre, si souvent, que je porte à ma bouche
me ré-ouvre ce livre que je voudrais brûler,
un livre bien banal, un livre sans retouche,
sans rature, sans tâche et écrit d’un seul jet.
Un livre dont la plume forgée au feu du diable
ne se brise jamais et ne s’use jamais,
un livre qui n’a rien du conte de l’étable,
un livre que les flammes ne peuvent pas brûler.
Seigneur je n’ai que Toi vers qui tendre les bras,
mais je suis épuisé, j’ai mille ans dans la tête…
Éclaire mon esprit ! Que résonne Ta voix !
Ou bien je vais mourir, et sans regrets peut-être.
( Jacques Hermitte )