A Georges – Jean-Paul Innocenzi

         A GEORGES

 

         Il l’avait donc ce mal qu’on dit mystérieux

         Qu’il cachait si bien dans le rire de ses yeux,

         Et dans les vers de ses chansons,

         Ce mal mystérieux qui prend sans distinction

         Les jeunes et les vieux, les mauvais et les bons,

         Et dont on n’ose dire le nom. 

 

         Qu’il fut triste le jour où il nous a quitté

         Qu’il fut triste le jour où il s’en est allé,

         Sans presque rien dire à personne,

         Sans faire trop de bruit, comme il avait vécu,

         Il est donc parti comme il était venu,

         C’était un drôle de bonhomme.

        

         Comme son ami Martin, il creusa doucement,

         Sa tombe de ses mains, n’étant pas dérangeant,

         Et s’y étendit sans rien dire,

         Seuls quelques amis vinrent lui dire au revoir,

         Il n’y eut pas d’Harmonie, il n’y eut pas de fanfare

         Cela a dû lui faire plaisir.

 

         Au cimetière de  Sète  où  il avait voulu

         Que d’une façon discrète, on mette une croix dessus

         Bien que n’allant guère à la messe,

         Sa guitare à la main, il est parti joyeux,

         Chanter ses doux refrains au royaume des cieux

         Il n’y eut pas besoin de confesse.

 

         Aux portes du Paradis, quand il est arrivé,

         Quand d’un air ébahi, il y a frappé,

         Le ST Pierre lui fit la fête,               

         Cela faisait longtemps que je vous attendais,

         Faites un pas en avant que je vous vois de près,

         « Il est donc venu le poète »

 

         Sa pipe entre ses dents, il l’a bien regardé,

         Et tout en souriant il lui a demandé,       

         « On a donc retenu ma place ? 

         Franchement je n’pensais pas pouvoir y entrer

         Après tout ce que j’ai dit sur Dieu et ses abbés,

         Mais s’il lui plait, grand bien me fasse. »

 

        Et il prit son bagage, suivant le St geôlier,

        R’connaissant au passage les premiers arrivés,

        Qui lui firent une belle ovation,

        « L’était temps que tu viennes » lui dirent-ils tout bas,

        « Nous chanter toutes celles que l’on ne connaît pas,

           Vas-y chantes nous donc tes chansons »

 

        Sans  se faire prier, il a pris sa guitare

        Et il a commencé, un sourire bizarre

        Eclairant sa face blafarde,

        Et de la Religieuse au Bulletin de santé,

        D’une façon joyeuse, elles y sont toutes passées,     

        Ce fut une belle rigolade.

 

        Puis regardant en bas, il vit tous ses amis,

        Qui le bras sous le bras parlaient trist’ment de lui,

        Cela lui mit du cœur à l’ouvrage,

        Il reprit sa guitare, sa feuille et son stylo,

        Se remit à écrire, jouant avec les mots,

        Pour leur donner du courage.

 

        Et il fit une chanson, disant en gros ceci,

        Pas de grosses émotions, voyez, je suis ravi,

        Car j’ai enfin trouvé mon port,  

        Ne soyez donc pas tristes, et chantez avec moi,

        La chanson des artistes qu’on chantait tout en bas,

        Chantez donc les copains d’abord.

 

        Vous savez cette chanson, où quand on disparaît,

        Le trou dans l’océan, ne se referme jamais,

        Il faut garder le souvenir,

        De celui que je fus pendant mes soixante ans,

        Bien assis sur mon cul, et souvent en chantant,

        Voilà ce que je voulais vous dire.

 

        Souvenez-vous de moi, comme d’un bon vivant

        Souvenez-vous de moi, comme d’un bon garçon,

        Et ne pleurez plus sur mon sort,

        Voyez vous où je suis, je suis bien maintenant,        

        Au cimetière de Sète, éternel estivant,

        Chantez donc les copains d’abord.

 

        Au cimetière de Sète, éternel estivant,

        Chantez donc les copains d’abord.

 

                                                          J.P INNOCENZI  1983

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bonjour à tous,

Je vous ai rejoins depuis peu, et j'écris depuis près de 40 ans, j'en ai 70.
J'écris des "poèmes" des nouvelles, des sketch des historiettes, au gré de mes humeurs, certains reflètent ce que je pense, c'est pourquoi je les ai laissés si longtemps dans mes tiroirs, mais en découvrant ce site, je me suis dit pourquoi pas?
J'aime beaucoup Hugo, Lamartine, Rimbaud, Villon, Aragon, Brassens Ferrat, Brel, Ferré, Neruda, Garcia Lorca, qui m'inspirent souvent.
Alors si vous les appréciez, je vous dit à bientôt.
Amicalement
Jean Paul INNOCENZI

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Pascale Jarmuzynski
Membre
18 avril 2021 17 h 58 min

Il était grand notre Georges … et ce beau texte que vous lui dédiez est amplement mérité. Merci pour ce partage.

Christian Satgé
Membre
18 avril 2021 17 h 55 min

Un superbe hommage à Tonton Georges, l’irremplaçable !

Plume de Poète
Administrateur
18 avril 2021 17 h 26 min

Belle introduction poétique Jean-Paul et bel hommage à ce grand monsieur.
Merci pour ce partage et nous avons hâte de découvrir vos autres textes.
Bien à vous,
Alain