37. Daniel Le Roux – “La fille du cours Chazelle”

grand-juryPoème ayant retenu l’attention du Jury

La fille du cours Chazelle

La première fois que je l’ai vue c’était sur le cours Chazelle,
Juste avant la grande parade, Dieu qu’elle était belle !
Dès que je l’ai aperçue mon cœur s’est mis à battre,
Fou de ses cheveux blonds et de son visage d’albâtre.
Elle a rejoint la kevren dont elle portait le costume,
Une longue jupe noire et un gilet de velours prune.
Sur sa poitrine brillait une plume d’argent,
Il m’a semblé que c’était celle d’un paon.
A mon tour j’ai rejoint mon bagad,
Mon cœur affolé battait la chamade.
Tout au long du défilé
Je n’ai cessé d’y penser,
A la jolie Vannetaise
Coupable de mon malaise.
Ce jour-là en ai-je fait des canards,
Cette fille avait ravagé ma mémoire.
Le défilé dispersé sur le port,
Laissant mes amis à leur sort,
A sa recherche je me suis lancé,
Courant les rues comme un dératé.
Hélas je ne l’ai pas retrouvée,
La foule l’avait dévorée.
Toute la nuit je n’ai rêvé que d’elle,
La fille croisée sur le cours Chazelle.
Comme on le fait tous les ans
J’ai écumé les bars de Lorient,
Sans doute y ai-je bu plus que de raison,
Mais quand on aime on est souvent très con.
Je ne l’ai revue que des années plus tard
Par le plus grand des hasards,
Je m’en allais vers le Ceili
Où m’attendaient tous mes amis,
Qui s’apprêtaient à faire ripaille
Au festival de Cornouailles,
Quand je l’ai vue place Saint Korentin,
Embrassant une fille du bagad d’Elven.
Dans ce baiser il y avait tant de tendresse,
J’ai compris que cette fille était sa maîtresse.
Les années ont passé, la vie a repris son cours,
Ma route a croisé celles de bien des amours,
Mais je n’ai jamais oublié la belle demoiselle,
Rencontrée un jour, sur le cours Chazelle.

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