Voilà l’hiver – Sarah Delpech

Voilà l’hiver – Sarah Delpech
Admirer, par temps frais un baiser enduit de douceur, la caresse d’une plume givrée sur la neige splendeur. Une merveille de la nature ce flocon tombé sur ma joue, sur mon blouson.
Et la belle lune hivernale quand arrive le berceau de la plus belle des illusions.
Le froid, sa brise et parfois la chaleur de timides rais de soleil.
Saison sans valeur si l’esprit sommeille.
Parmi la brume il est un chanteur de rue. Celui qui tend la main ou le jongleur nu, qui demande en vain.
Ne croyons pas qu’il aime cela, il est empli de honte mais affamé. Au cœur de l’hiver, son nez rouge fait parler !
Ce n’est pas l’alcool, c’est la glace.
Pour ce qui est de son teint pâle… Ah là oui c’est l’eau de vie qui prend place !
Il assume parce que ça réchauffe. Il oublie le fade, le vide de sa routine tracas.
Il est triste et isolé mais tout de même heureux de son cabot autrefois abandonné de la main d’un riche aux cœur figé.
Diffamé quand ils ont dit que c’était lui qui avait sali la rue d’à côté. C’est faux, il s’ fait dessus parce qu’il peut même pas s’lever.
Il sent mauvais. Mais qui prendrait l’eau glacée pour se laver dans les restes d’urine, mélangés dans les fonds d’eaux de fleuves putrides…
Elle est une femme qui a perdu son emploi.
Elle est faible, sans protection quand verglas sonne et qu’elle n’a plus son toit de bonne.
Perdue par mégarde, trop vite et trop proche vision, d’une vie écroulée, coulée dans le béton.
Les yeux rutilants versant des larmes de sang. Regard cloué au sol comme le Christ sur sa croix. Comme enterré à jamais l’espoir de rompre avec ce poids.
Les gouttes de pluie qui gèlent sur sa joue, ses lèvres maquillées de l’essence d’une rose, qui pèlent et tremblent, c’est fou.
Quand elle  se fait  violer, personne ne l’écoute, personne ne le sait, parce que c’est la loi des hommes renfrognés.
Quand elle se fait  voler, elle n’a plus qu’un gant poinçonné pour se consoler.
Assise à l’entrée d’un cotisant, agonisant, elle se souvient du temps passé. Du temps où elle a tout donné.
Lune noire, pour ces affligés, qui chaque soir, sont obligés d’escalader les parcs, de traverser les futaies pour plus que dormir, éviter la violence de la nuitée.
Ils les entendent, les ténèbres chanter la marseillaise alors que flotte dans l’air, les cendres de la ville qu’ils ont brûlée
L’improbité du monde, pour ces personnes aux cœurs qui fondent, leur fait réaliser le drame de la rue et de ses cratères immondes.
La pire des prisons n’est pas celle à barreaux qui nous surveille, mais bien celle qui nous ignore, j’vous déconseille.
Ils sont pourtant comme nous.
Maladies ou marchés pertes, trahisons et coups de fer. Les voilà ici bas, sur le sol de gravier ou sur l’herbe.
« Aidons-les ». Ce n’est pas aussi simple de devenir un héros pour combler son égo.
L’humilité et la fierté les empêchent.
Ils se taisent et font semblant face à leurs proches pourtant bienveillants.
Ils espèrent ne jamais les croiser dans leur tenue de « sans propreté », leur tenue de « sans manger. ». Accablés les enfants pauvres, dehors dans la solitude ils sont abattus. Les enfants de la patrie dont personne ne se préoccupe, encore moins les fauves.
Les enfants dont la fortune a été battue, par leur propre pays de névrose. Ils ont autrefois, pour lui, combattu. Ils avaient juste besoin d’une pause.
Dans un futur imminent, l’homme et la femme, piégés au cœur de l’hiver s’endormiront en travers d’un carton plein de ressentiments.
Tous deux frêles entreront dans l’au-delà quand leurs cœurs s’arrêteront.
Si l’on ne fait rien, tout continuera et demain ce sera une sœur, un frère, une mère, un père. Et nous serons aveugles, comme nous le sommes quand nous passons devant tous ces téméraires.

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Les Fleurs de Vent
Membre
29 décembre 2021 21 h 57 min

Oui, tous les sens ibles sont les bienvenus. Texte sur la souffrance et le courage avec des mots bien imagés!

Colette Guinard
Membre
29 décembre 2021 19 h 59 min

Compagnon d’infortune ,notre prochain à qui il faudrait tendre la main plus souvent! situation bien décrite!Bonne soirée Colette

Colette Guinard
Membre
29 décembre 2021 19 h 55 min

Compagnon d’infortune notre prochain à qui il faudrait tendre la main plus souvent! bonne soirée Colette

Philippe DUTAILLY
Membre
29 décembre 2021 18 h 03 min

Je détourne mon regard de mon futur possible pour ne pas voir la déchéance de mon visage prochain, c’est bien connu.

Mikael Daroca
Membre
29 décembre 2021 17 h 12 min

Baiser de neige
Cristaux sensuels
Illusions enchantent
Sentiments joyeux.

Martyne Dubau
Membre
29 décembre 2021 15 h 04 min

un décor de malheur et d’infortune bien décrit sous ta plume !

Bienvenue chez Plume de poète !

Plume de Poète
Administrateur
29 décembre 2021 9 h 17 min

Merci pour votre présentation et félicitations pour votre parcours poétique.
Très beau texte Sarah, qui laisse à réfléchir en même temps qu’une grande leçon de vie…
Nous avons hâte de découvrir vos autres textes !
Bien à vous,
Alain