Mon papa, son Leïca et ses bovins – Autobio Tome L – Jean-Marie Audrain

L Mon papa, son Leïca et ses bovins

Comme vous le savez mon papa était photographe à Air France. Il aimait photographier sur le tarmac d’Orly toutes sortes d’oiseaux, surtout la jolie Caravelle, mais l’été, sa préférence allait vers les bovins. D’ailleurs il m’avait acheté une petite boîte cylindrique qui, lorsque je la secouais, lançait un grand « Meuuuuuuuuuuuuuuuuuuh ». On y croyait tellement qu’un jour au poste de Douane franco-suisse de la Chaux-de-fonds, j’ai secoué mon cylindre et aussitôt le douanier a demandé : « Pas d’animaux à déclarer ? ». Je n’oublierai jamais sa tête quand je lui ai montré mon cylindre et quand il a dit « Vous auriez pu cacher un chat, ou un chien… ». Un autre jour de vacances, en jouant au badminton, mon père rata le volant que j’avais lancé drôlement fort, si bien qu’il passa au dessus de sa tête et atterrit sur la langue d’une vache qui baillait juste derrière lui. Elle l’avala sans même le brouter. Elle avait comme un sourire à l’oeil en me voyant approcher.

Des vaches, j’aimais bien aussi leur clochette et leur cornes. C’est pourquoi mon papa m’avait acheté une corne qui fait un boucan du tonnerre quand on souffle dedans, et ma maman un clochette en m’interdisant de me l’accrocher autour du cou. Ce qui était bien avec ces jouets de vaches, c’est que l’on pouvait jouer des deux en même temps. C’était bien utile quand on passait à la douane avec une montre suisse cachée dans un gros pain et que le douanier posait un tas de questions à mes parents. Je n’avais qu’à souffler un long coup dans ma corne en agitant ma clochette pour que le douanier nous dise : « C’est bon vous pouvez circuler ».

Les vaches, j’aimais aussi les voir autour de la fruiterie. Dans le Jura c’est le nom de leur usine à fromage, rien à voir avec les fruits. D’ailleurs, mon père aimait photographier des scènes de traite dans les champs et même dans la montagne. Les bovins sont des modèles faciles car ils ne bougent pas pendant que mon père appuie sur le déclencheur de son Rolleiflex ou de son Leïca. Parfois, j’aimais passer sous les barbelés et m’approcher de ces animaux. Eux, ils n’ont même pas peur, mais c’est ma maman qui en avait toujours peur, surtout la fois où je me suis approché d’un taureau qui m’a poursuivi jusqu’au fil de fer barbelé tout rouillé qui m’a déchiré mon pantalon. Ma maman était tellement contente que je sois arrivé avant le taureau qu’elle ne m’a pas grondé pour mon pantalon.

Vous avez compris combien je m’amusais avec toutes ces bêtes à cornes et comme j’aimais taquiner mes parents à leur approche ! Cela faisait toujours de belles photos souvenirs inoubliables pour mon papa.

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Jean-Marie Audrain (733)

Né d'un père photographe et musicien et d'une mère poètesse, Jean-Marie Audrain s'est mis à écrire des poèmes et des chansons dès qu'il sut aligner 3 mots sur un buvard puis trois accords sur un instrument (piano ou guitare). À 8 ans, il rentre au Conservatoire pour étoffer sa formation musicale.
Après un bac littéraire, Jean-Marie suit un double cursus de musicologie et de philosophie à la Sorbonne.
Il se met à écrire, dès cette époque, des textes qui lui valurent la réputation d’un homme doublement spirituel passant allègrement d’un genre humoristique à un genre mystique. D’ailleurs, il reçut de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) un grand diplôme d’honneur en ces deux catégories.
Dans ses sources d’inspiration, on pourrait citer La Fontaine, Brassens et Devos.
Lors de la naissance du net, il se prit à aimer relever les défis avec le site Fulgures : il s’agissait de créer et publier au quotidien un texte sur un thème imposé, extrêmement limité en nombre de caractères. Par la suite il participa à quelques concours, souvent internationaux, et fut élu Grand Auteur par les plumes du site WorldWordWoo ! .
Il aime également tous les partenariats, composant des musiques sur des textes d’amis ou des paroles sur des musiques orphelines. Ses œuvres se déclinent sur une douzaine de blogs répartis par thème : poésie, philosophie, humour, spiritualité…sans oublier les Ebulitions de Jeanmarime (son nom de plume). Un autre pseudo donna le nom à son blog de poésies illustrées : http://jm-petit-prince.over-blog.com/
Pendant longtemps il a refusé de graver des CD et d’imprimer ses œuvres sur papier, étant un adepte du principe d’impermanence et méfiant envers tout ce qui est commercial. Malgré tout il vient d'autoéditer le florilège de toute en vie et dans tous les syles : https://www.amazon.fr/Petit-Prince-Mots-dit/dp/B0BFVZGNYM et d'écrire des chansons pour 3 CD d'Ophélie Morival (puis pour d'autres voix amies) : https://www.youtube.com/watch?v=Q0bvWkljrlw.
Si vous ne retenez qu’une chose de lui, c’est que c’est une âme partageuse et disponible.

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Grant Marielle
Invité
29 décembre 2020 16 h 03 min

Quel plaisir d’imaginer le bonheur partagé entre père et enfant au contact de ces bons animaux!