Tout au long de sa vie jusqu’à l’effondrement de 1866, Charles Baudelaire, solitaire, révolté, scandaleux pour étonner les sots, terriblement lucide, cherchera des moyens d’échapper à sa condition, à la condition humaine qu’il dépeint comme une prison où règnent, despotiques, l’ennui, la solitude, le temps, le mal.
« Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle (…)
Quand la terre est changée en un cachot humide »
C’est pourquoi, si certains des poèmes de ses œuvres majeures, Les Fleurs du Mal et Le Spleen de Paris, arrachent les masques dissimulant les « ennemis » de l’homme, d’autres s’efforcent d’ouvrir les portes de la nuit. Et cette partie fascinée qu’il joue contre le destin assure la cohésion secrète de son œuvre poétique dans laquelle se succèdent les cycles (cycle de Jeanne Duval, de Mme Sabatier, de Marie Daubrun, etc.) et les séries volontairement brisées avec leurs thèmes, leurs images, leurs échos.
Ainsi : les thèmes du voyage dans l’espace et dans le temps, de l’exotisme, de la ville aimée mais mortifère, de la mort et de la souveraine puissance de l’art, « cet ardent sanglot qui roule d’âge en âge ».