La Vérité vs la Réalité – Christian Satgé

Petite fable affable
La Vérité, la Réalité rivalisaient
Pour avoir primeur et primauté au cœur des Hommes.
La première se sentait fort flouée, lésée
Même, d’être sacrifiée par ces vains gnomes
Qui, à l’ordinaire, se mentent à eux-mêmes autant
Qu’ils leurrent autrui à longueur de temps.
L’autre se disait bafouée, voire insultée
Parce qu’on refusait, las, de la voir en face
Chez ces pommes qui préféraient se colleter
Avec leurs rêves ou leurs chimères, fallaces
Qui les faisaient félices plus que le réel.
Pour eux, hélas, l’idéal étant l’idéel !
Leur triste état le voulant, elles se disputent :
Leur humeur rebelute et leur honneur froissé
Les disposent hélas à une navrante lutte
À mort se peut, pour ne pas – ou plus – s’effacer
Quand il suffirait de montrer ses croupières
À qui veut vous les tailler, l’allure fière.
À dextre, à senestre ce sont buffes baillées
Et soufflets reçus, coups bas et viles ruades
Cambrements et écarts et ce sans louvoyer,
Piétinement, à coups, battements, platissades,…
Devant un adversaire ne craignant pas débours
De temps, ni heurt, ni coup. Non. Bien le rebours !
À tant se botteculer, les duellistes
Se discréditèrent et faillant tout autant
À se départager tombèrent, comme kystes,
Dans un ce monde existant depuis longtemps
Où survivent des mots au sens perdu qu’on encense :
On y tient tous ceux que, las, l’on ne veut plus voir
Et ceux qu’on aurait préféré ne pas savoir
Se satisfaisant de leur seule connaissance !
© Christian Satgé – Décembre 2018

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Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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