La petite fille
Gris-gris aux chevilles
Ses petits pieds nus,
Son visage menu.
Qui chante ? C’est Awa
De sa fluette voix
Ainsi, chaque matin,
Je l’entends au jardin.
La maison d’à côté
N’est jamais terminée,
Les murs bruts de béton
Au sable, ton sur ton.
Pas d’électricité ? Là
Mais on peut s’en passer.
Il faut puiser de l’eau,
Et l’on entend très tôt
Le seau lancé, danser,
Et puis dans l’eau plonger,
Crisser en remontant
Son contenu pleurant.
Le cheval dans un coin
Dévore un picotin
Avant d’être attelé
Pour gagner sa journée.
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Des poules picorent
Ce qui reste encor
Du dernier repas pris
De légumes et de riz,
Quelques pauvres reliefs
Partagés dans ce fief
Entre hommes et bêtes,
Le chien fait la fête.
Petite Awa, chante !
Tu es si contente
De jouer à des riens
Un tout petit « vaurien »
Te suit et te poursuit,
Près des chèvres qui fuient
Préférant le calme
Au repas de palmes…
La journée s’effile,
Des pélicans filent
Au vent dans la chaleur,
Des mosquées, les clameurs
Rassemblent dans l’espoir
En priant chaque soir,
Des musulmans le coeur,
Unis dans la ferveur.
Petite Awa, tu ris
Devant ton bol de riz,
Mais si tu dois manger
Dans un plat partagé,
On entendra tes pleurs
Se mêler aux clameurs,
« Tu es souhaitable,
Ô marchand de sable » !
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©Simone Gibert – 28/09/2018
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