Clé de l’Orthographe n° 35
Léa Dijoux m’avait suggéré, il y a longtemps, de vous parler du ne explétif. Ça m’était sorti de la tête, l’oubli est maintenant réparé.
De quoi parle-t-on exactement ? On connaît tous le ne classique de la négation : « Aujourd’hui, je ne vais pas travailler ». En fait, si, mais c’est un autre sujet. Le « ne » explétif est celui qu’on utilise dans des propositions subordonnées pour renforcer une nuance négative sans que la phrase le soit vraiment. Il n’est donc jamais suivi de pas, plus, jamais…
Pour plus de clarté, voyons les cas où on l’utilise et quelques exemples un peu plus parlants :
- Dans les comparaisons d’inégalité introduites par davantage, plus, moins, meilleur, pire, moindre : « Il a un bulletin de notes meilleur que je n’aurais imaginé » ;
- Après autre, autrement : « Il imaginait l’Australie autrement qu’il ne la découvre » ;
- Après des verbes ou expressions qui expriment la crainte, la peur, l’empêchement tels que craindre, avoir peur, redouter, empêcher, éviter, prendre garde… : « À voir le ciel, je crains qu’il ne neige aujourd’hui. Je demande donc à mon enfant de mettre un manteau pour éviter qu’il ne prenne froid » ;
- Après avant que : « Je m’organise pour que tout soit prêt avant que mes invités n’arrivent » ;
- Après à moins que : « Tu vas rester sage à moins que tu ne veuilles que je me fâche ! »
Gardez en tête que cette utilisation relève à mon sens d’un niveau de langage un peu soutenu, sans l’être exagérément, un personnage qui aurait un parler très familier ou populaire n’utiliserait pas le ne explétif. Il vaut donc mieux en faire un usage réfléchi en fonction du contexte, surtout dans les dialogues. Vous connaissez suffisamment vos personnages pour en juger objectivement.
Attention : on n’utilise pas le ne explétif après sans que, c’est pourtant dans cette tournure que je le trouve le plus souvent. En effet, « sans » porte déjà la négation, il n’est pas nécessaire d’en rajouter.
À la semaine prochaine, à moins que vous n’en ayez assez de parler orthographe…
Je ne me souvenais pas de ce « ne explétif »
si j’ai tout compris
il me reste des jours à vivre sans que tu sois là
C’est si simple quand on lit tes explications Sandrine et tellement évident alors que notre langue est tellement complexe…
Merci beaucoup pour cette nouvelle clé qui nous apporte une aide précieuse pour les rédactions.
Bonne semaine et à bientôt !
Alain