Petite fable affable
Sans paraître plein d’inanité,
La faune des eaux de cette plage
Ressemblait fort à l’Humanité :
L’écrevisse, au bout de son bel âge,
N’ayant pourtant jamais marché droit
Se voulait pucelle et qu’on le croie ;
Une langouste qui se voulait dame
À la fleur de ses jours, fort vous blâme
Si ses rides gommées, non sans art,
Et ses jeunes amants de hasard
Ne vous la font croire jouvencelle ;
Crabe coupante et cassante, icelle,
Comme sa pince, se croit, sans feinte,
Fort aimée alors qu’elle n’est que crainte ;
Chez les crevettes, où tout est bon
Sauf la tête, on trouvait un Platon,
Un Aristote, un Kant, un Érasme,…
Alors que tous ces sots ectoplasmes
N’en savent pas plus long qu’A.B.C.
La tortue avançait, front baissé.
Elle était la risée de bien des rosses
Qui la trouvaient bien lente et trop grosse ;
Et la coque, en sable se terrait,
Car moins belle qu’huître qui serrait
Entre ses dents de si belles perles.
Ce rivage était un Clochemerle
De quolibets et de faux semblants
Où chacune jouait les Jean-le-blanc.
Amie, ne sacrifie jamais l’être
Au vain médire ni au paraître !
© Christian Satgé – février 2014
Bravo Christian très beau texte, on oublie souvent le fond de la chose, de la personne et de l’être en général, et on se fie au paraître sont-ils les yeux qui succombent au paraître par vice, par habitude ou par éducation?
Ah ! le paraître prend trop souvent la place….de l’être…
Merci Christian de le dire et de l’écrire ici !
Amitiés
Chantal